Le mot Iel est entré dans le un dictionnaire: le Robert. Ce n’est pas le premier, ni le dernier mais pourquoi suscite-t-il autant d’intérêts pour les défenseurs de chaque partie prenante ?
Oui défenseurs car chacun se positionne comme une personne agressée. Les uns par la modification de la langue française qui ne prendrait pas en compte les personnes non-binaires, les autres se sentent également agressés par l’ignominie de l’affront fait au français qui doit rester à tout pris dans son bel écrin.
Genre n’est pas grammaire
La neutralité du genre n’a rien avoir avec la neutralité en grammaire. « Il pleut » par exemple est impersonnel (approximation de neutre). Faut-il le remplacer par Iel pour ne pas être genré? Je lis sur certains fils de discussion que le neutre existe dans d’autres langues, et alors? Das Mädchen (neutre dû au suffixe) en allemand signifie la fille, faut-il s’en indigner et lui donner le genre qu’il lui convient ?
En Suède il existe han (il), hon (elle) et hen (iel). Ce pronom existe depuis 2015, mais il a aussi suscité la controverse. Ce n’est pas la cohérence entre le participe passé et la particule, car en Suède il n’y a pas d’accord genré mais sur l’utilisation du pronom par les personnes non binaires. C’est l’usage qui fait qu’un mot reste ou ne reste pas dans la langue.
Pour les plus anciens, la loi Toubon (tentative de bannissement de l’anglais dans la vie de tous les jours) fut un coup d’épée dans l’eau dans les usages du quotidien mais a permis d’établir néanmoins le français comme «langue de l’enseignement, du travail, des échanges et des services publics ». Elle avait pour but de protéger la langue française de l’envahissement de l’anglais en communication notamment, ce qui nous évite entre autres d’avoir des produits sans notice compréhensible.
Pour remonter encore un peu dans le temps, le français est une langue historiquement inclusive. Puisqu’avant sa masculinisation au 17ème siècle par l’académie française, la règle de proximité était employée. Mais rien pour ceux qui ne se sentent ni l’un ni l’autre ou qui n’ont pas envie de l’exprimer.
Quelques précédents
Dans 30 ans, on verra peut-être à côté de la définition de Iel « Vieilli » ? Prenons le cas du mot mahométan, qui lui est pour le coup vieilli, ajout à la langue française pour désigner ceux qui vénèrent Mahomet (transformation de Mohamed venant de Muhammad), qui l’emploie aujourd’hui? Qui également se soucie aujourd’hui de la disparition de l’usage de Mademoiselle dans l’administration? Cela semblait donner trop d’informations sur la situation personnelle des femmes et donc discriminatoire mais reste parfois utilisé dans la vie de tous les jours. Nous constatons donc l’addition ou le retranchement dans la langue ou dans certains usages et la vie continue !
Et la bienséance, bordel ! Iel y est sensible ?
Pour terminer, lorsqu’on utilise la 3ème personne (singulier ou pluriel), il me semble que c’est pour parler d’une personne qui n’est pas forcément présente, non ? Si mon interlocuteur me reprend sur ma façon de parler ou d’écrire, je trouve ça relativement incorrect et désagréable. Et si je commets cette erreur, quelles réactions auront les personnes blessées ? A part de me mettre l’étiquette du sale con?!
Ce qui voudront l’employer le feront, l’existence de la reconnaissance d’un mot n’oblige personne à s’y identifier ! Par contre merci de ne pas mettre au pilori, ceux qui veulent justement rester neutre dans cette affaire ! Je pense que les personnes concernées par cet usage du pronom Iel auront la sagesse de ne pas relever la commission de cette peccadille dans les échanges interpersonnels et que les ardents défenseurs de la langue française n’en feront pas tout un fromage. Je fais appel au bon sens de tout le monde, c’est ce qui est aujourd’hui le mieux partagé entre les binaires et les non-binaires !
Un quizz avant de partir?
Sources:
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